Posté par Alain Moundoumba, le 11 août 2024
Depuis quelque temps, on assiste à des positions tranchées sur le prochain référendum par certaines personnalités politiques dont la plupart ne sont pourtant pas encore en possession de la nouvelle Constitution, une situation qui risque, à terme, de dévoyer les fondamentaux de ce rendez-vous républicain.
Par Alain Moundoumba
C’est inédit. Le quotidien national « L’Union » avait, pour tenter de mettre fin aux discours complanisants entendus çà et là, ouvert ses colonnes successivement, les jeudi 1er et samedi 3 août 2024, au Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntoungou, universitaire et membre du Comité constitutionnel national (CCN) en charge de la rédaction de la nouvelle Constitution, et à Geoffroy Foumboula Libeka, membre de la société civile, député et vice-président de l’Assemblée nationale de la Transition. Ces deux personnalités publiques ont dénoncé, chacune, le caractère prématuré voire démagogique de certains discours sur le référendum.
Si le Président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Ngueama, a appelé les populations à voter pour le « Oui » le moment venu, c’est parce qu’il possède des éléments d’analyse après avoir reçu au mois de juillet dernier, l’avant-Constitution élaboré par les membres du Comité constitutionnel national (CCN). Cette mouture, remise au chef de l’État par le CCN, est encore au stade d’avant-projet qui devra suivre le circuit de validation par l’Assemblée constituante avant de le rendre public. Des exercices de pédagogie dans les médias et des rencontres citoyennes seront attendus pour expliquer aux populations, article par article, le bien-fondé de cette nouvelle Constitution.
Comment alors comprendre la frénésie actuelle sur quelque chose dont on ne connaît pas encore exactement le contenu ? Pourquoi brûler volontairement les étapes ? Les partisans du « Oui » et du « Non » se livrent à des débats sur le sexe des anges. L’incongruité et le cynisme ont été poussés à l’extrême lorsqu’un groupe de parlementaires, en l’occurrence ceux du Woleu-Ntem, a décidé de ratisser la province pour exiger des populations le « Oui » au référendum en entretenant de vicieux amalgames. Ils ont par exemple présenter les réalisations remarquables du CTRI en quelques mois comme raisons pour voter le " Oui ".
Chez les partisans du « Non », l’argumentaire est au rejet des résolutions du Dialogue national inclusif (DNI) et des doutes sur l’avant Constitution, sans l’avoir consulté. Pour certains politistes, cette gesticulation est une récupération malheureuse de la crise de confiance manifestée par le Président de la République à l’endroit des hommes politiques de son camp jugés moins offensifs et réactifs face aux attaques dont il fait l’objet.
Un remaniement gouvernemental planant dans l’air, on assiste à la danse des paons où hommes, femmes et partis politiques, leaders des ONGs et associations politiques, viennent exhiber leurs plus beaux plumages tout en affirmant leur fidélité au chef de la basse-cour. Or, selon Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntoungou, « les actes de la Transition qui participent à la restauration des institutions, doivent être fondamentalement républicains et non politiques. »
Le risque, dans ce cas, est de voir dévoyer les actes de la Constitution et de rendre responsable, à tort, le principal artisan de ce Gabon nouveau voulu par tous. Il est donc important que les langues se lient et les trompettes de la manipulation et de la démagogie se taisent.
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11/08/2024 à 17:35
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